zondag 19 juni 2011




Bruxelles

Bruxelles, ma belle,
je te rejoins bientôt, aussitôt
que Paris me trahit,
et je sens que son amour aigrit, et puis,
elle me soupçonne d'être avec toi le soir,
je reconnais, c'est vrai,
tous les soirs dans ma tête
c'est la fête des anciens combattants
d'une guerre qui est toujours à faire.

Bruxelles, attends-moi, j'arrive,
bientôt je prends la dérive.

Michel, te rappelles-tu de la détresse
de la kermesse de la Gare du Midi ?
Te rappelles-tu de ta Sophie
qui ne t'avait même pas reconnu ?
Les néons, les Léon, les noms de dieu,
sublime décadence, la danse des panses,
Ministère de la Bière, artère vers l'enfer,
Place De Brouckère…

Bruxelles, attends-moi, j'arrive,
bientôt je prends la dérive.

Cruel duel, celui qui oppose
Paris névrose et Bruxelles abrutie,
qui se dit que bientôt ce sera fini,
l'ennui de l'ennui.
Tu vas me revoir, mademoiselle Bruxelles,
mais je ne serai plus tel que tu m'as connu;
je serai abattu, courbatu, combattu,
mais je serai venu.

Bruxelles, attends-moi, j'arrive,
bientôt je prends la dérive.
Paris, je te laisse mon lit...


1974; Dick Annegarn